Alors Claire du reportage c’est moi, donc force est de constater que je puis être concernée par ton propos.
Premièrement, contrairement au discours tenu dans le reportage, je n’ai pas fait de la fessee une méthode. Ce serait figé la chose dans une pratique systématique ce qui n’est pas le cas. J’en fais usage mais la fessee n’est pas le seul mode de sanction que je peux utiliser. Le seul en terme "physique".
Ne faisons pas d’amalgame. La gifle n’équivaut pas à mon sens la fessee. Du point de vue de l’humiliation comme de la douleur ressentie. Je ne donne pas de fessee déculottée non plus. La fessee ne fait pas mal quand je la donne, elle vient piquer l’amour propre plus que la fesse. Preuve en est, je peux volontairement donner une tape sur le matelas juste à côté de la fesse ou sur le canapé, l’effet est similaire.
Ensuite la fessee seule serait stérile, à mon sens. Je l’accompagne d’un dialogue et d’explications. La fessee marque l’esprit mais n’explique pas le pourquoi de l’interdit. Les deux sont donc complémentaires et nécessaires.
La fessee reste pour moi réservée à un jeune enfant (et non bébé) qui n’est pas encore en mesure de tout raisonner, expliquer ou argumenter. C’est la que l’amalgame fait avec les adultes m’apparaît gros comme une maison : le adultes sont conscients de leurs fautes, des limites qu’ils enfreignent, rien d’éducatif à leur "violence". L’enfant doit justement encore apprendre ce principe de limites et que l’enfreindre n’est pas permis. La société et le monde entier est pavé de limites.
Je pense ensuite que le dialogue oui, mais pour un jeune enfant les mots peuvent s’avérer un univers encore étranger et perdre à cet effet de leur sens. Je ne dis donc pas qu’il faille s’en passer mais que punir uniquement en terme verbal n’est pas, à mon sens, adapté.
Par ailleurs, je ne donne pas de fessee dans un acte de domination ou d’autoritarisme. J’aime mon enfant, souhaite qu’il se construise et s’intègre en société et c’est pour cela que j’ai recours à la fessee, convaincue qu’elle lui inculque la limite, le danger. Je maintiens le dialogue avec mon fils, lui donne droit de contester et d’exprimer mais si il a le droit de ne pas être d’accord (au même titre qu’on pourrait ne pas être d’accord sur tous les interdits societaux) la limite reste néanmoins présente. C’est donc ce que j’entends par la fessee sert à apprendre.
Apprendre qu’on a franchi un seuil limite, défini ensemble. Apprendre que certaines choses sont dangereuses et en subir la conséquence (qui est la fessee plutôt que se faire écraser par une voiture par exemple).
La fessee n’a jamais tué personne n’est pas mon argument. Je ne souhaite pas qu’elle soit un principe systématique, un pilier d’éducation. Mais y recourir de façon responsable, bornée et réfléchie, j’en suis convaincue.
Oui, la violence et la maltraitante tuent mais il le semble qu’elles touchent à un point de défaillance au niveau de l’amour. Et je pense donc que le débat est autre. Oui un enfant battu peut savoir que son parent l’aime et même l’aimer, de par mon métier, je connais le cas.
Mais mon enfant qui se prend occasionnellement des fessees, n’est pas un enfant battu. Il n’a pas peut de moi, il n’est pas écrasé par une autorité toute puissante, il n’a pas non plus peur de franchir la limite (ce qui fait également partie de sa construction).
Voilà quelques explications. Je conçois que votre point de vue puisse diverger. Néanmoins le jugement peut être hâtif. Par ailleurs, le reportage de France 2, filmé en deux heures est réduit à quelques minutes, mon propos n’en est donc que partiellement retransmis.